C’était en octobre. Ce matin-là, quand j’ai ouvert la porte de mon appartement, l’air était froid et craquant. Ça sentait l’hiver. Comme si ça augurait pour la suite, j’ai reçu quelques heures plus tard un message de mes amies de ski de longue date qui m’écrivaient pour qu’on réalise enfin une promesse d’adolescentes qu’on s’était faite à demi-mot : un voyage de ski dans l’Ouest canadien.

Il faut savoir saisir ces occasions. En l’espace d’un souper, d’une séance de magasinage de passes inter-montagnes et de 6 heures d’avion, on atterrissait à Calgary. C’est en attendant notre navette devant nous conduire vers la voiture de location qu’on a découvert la  bouteille de parfum de l’une d’entre nous, éclatée entre deux palettes, odeur et running gag qui nous suivraient (physiquement) sur les 4 sommets que nous comptions visiter au cours de notre périple.

Qui dit équipe de sportifs dit aussi appétit. Le premier arrêt en Caravan familiale fut donc un repère de ramen pas piqué des vers pour débuter le séjour du bon pied.

Une autre ancienne amie de ski devenue hôtesse de l’air et maintenant basée à Calgary nous héberge pour une nuit. On en profite pour poser des tonnes de questions à elle et son chum, deux fins connaisseurs de la région. On veut connaître un minimum les opportunités du terrain plus à l’ouest. Cette discussion inspirante a bercé nos rêves et on s’est réveillés aux aurores sans aucune difficulté, avant de filer vers la première montagne de notre liste: Sunshine.

Sommet qui porte bien son nom, Sunshine est un centre où le panorama et la vitamine D sont au rendez-vous. Après quelques descentes sur le versant le plus venteux, on a fini par trouver un secteur plus tranquille qui nous a permis de dévaler quelques pistes de neige fraîche.

Cette première journée complète de sport en plein air nous est vite rentrée dans les jambes. On a donc fini ça plus tôt que tard au bar en bas de la montagne, un endroit où les gigantesques plats de nachos comblent tous les yeux plus grands que la panse (doigt incriminant vers moi-même). Un bon verre de houblon et plusieurs fous rires de fatigue plus tard, on a reclipé nos skis pour dévaler, non sans niaiseries, la piste sinueuse qui se rend au stationnement.

Une autre belle surprise nous attendait lors de notre check-in à Canmore: les organisatrices du voyage avaient pris soin de choisir un hébergement avec un spa extérieur. Un luxe fort apprécié pour toutes ces prochaines fins de journée où nos jambes raquées ne répondraient plus d’elles-mêmes.

Les journées se suivirent, mais ne se ressemblèrent pourtant pas. Après Sunshine, nous avons aussi pris goût au terrain de Lake Louise. Le bol du sommet et certains sous-bois du versant Larch nous ont offert des défis de dénivelés qu’on a rarement rencontrés et qui nous ont donné à la fois le goût de rire et de pleurer. Ciao la zone de confort!

C’est d’ailleurs dans un périple de ski de haute-route au col Rogers qu’on a réellement mis notre confort de côté, apprenant d’un coup dur ce qu’était vraiment le plaisir de type 2. Mike, notre guide, a profité des 4 heures d’ascension pour nous parler de l’histoire de l’endroit, de la neige, de ses caprices et des défis du terrain.

Ce n’est que dans ce genre de situation qu’on comprend réellement l’étendue et la valeur des bonnes décisions. Comment monter ou descendre, quoi lire avant de partir et comment interpréter les signes de la montagne. C’est tout un volet du hors-piste que j’ai découvert, en même temps que ma capacité cardiaque.

Une fois la montée terminée et mon premier virage entamé dans la folle poudreuse d’une pente frôlant les 45 degrés, j’ai compris tout le sens du plaisir de type 2, celui qu’il faut gagner contrairement à l’élémentaire joie de type 1 qui correspond plutôt au moment où mes pieds fouleront l’eau du spa.

Enfin, j’ai découvert aussi dans cette ascension l’importance d’un équipement performant, polyvalent et léger. Le soir venu, ce sont d’abord mes ampoules qui font connaissance avec l’eau du spa et je constate que j’aurais pu mieux préparer mon habillement en «pelures d’oignon».

Il y a aussi les skis que j’ai empruntés et qui étaient lourds, sans parler des fixations rendant pénible le changement de mode (ski/touring). La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que je me suis commandé les Helio 95 de Black Diamond et les fixations Fritschi Tecton qui doivent arriver à Revelstoke sous peu.

Ding-dong Fedex, paquet ramassé et carton déchiqueté, j’ai 6 ans et c’est Noël quand je vois le beau combo qui n’attend que de mordre la neige.

Journée de pause obligée, le temps de faire installer les fixations sur mes skis, on en profite pour faire connaissance avec la vraie vie à Revelstoke. Ma fébrilité n’en est que décuplée et mes genoux tout comme ceux de mes amis, sont bien contents de ce repos. Durant cette pause de montagne, on découvre la communauté qui fait de Revelstoke un endroit où il fait bon vivre.

Petite session de travail au charmant Dose Café, suivie d’une agréable marche dans les rues avec arrêts obligés dans quelques bouquineries et magasins de plein air ultra accueillants. Constatation immédiate : la joie de vivre s’invite partout. Serait-ce dû à l’environnement? Rien ne le prouve, mais la théorie se confirme quand nos pas nous mènent à la plage qui borde la rivière sinueuse au bas du village.

Le soleil nous réchauffe, l’eau translucide sur laquelle nous faisions des ricochets emporte nos tracas au loin et les impressionnantes montagnes des alentours nous regardent d’un œil bienveillant. Alors qu’au sommet de celles-ci, les adeptes de la glisse skient à des températures sous le point de congélation, nous faisons les carpes sur la plage, profitant de la température printanière. Si le soleil avait décidé de ne jamais se coucher ce soir-là, on ne serait probablement jamais partis.

Et pourtant, j’avais des nouveaux skis à essayer! Aussitôt dans mes pieds le lendemain matin, je croyais les avoir perdus tellement ils étaient légers! Palettes en carbone BONJOUR et BIENVENUE DANS MA VIE! J’ai presque peur de m’habituer à cette légèreté et aux fixations qui se clippent/déclippent en un rien de temps. Amenez-en des aventures de hors-piste, ça ne fait que commencer parce que je suis maintenant assez confortable pour sortir de ma zone de confort!

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