Mercredi matin, 7h15. Le soleil peine à s’imposer parmi les nuages, dispersés ça et là dans le ciel de l’aube naissante. Dans quelques minutes à peine, là-bas, vers l’est, il embrasera subitement l’horizon de tous ses feux, et je pourrai éteindre la lampe frontale qui éclaire la piste de ski de fond à mes pieds. Dans moins de deux heures, je serai de retour au (télé) travail, devant mon ordinateur. Qu’est-ce qui pousse une personne saine d’esprit à quitter si tôt la chaleur de son lit, à braver le froid mordant et à venir se perdre dans les bois à une heure pareille?
J’ai depuis longtemps réalisé à quel point le ski de fond faisait des miracles sur ma santé mentale et mon humeur, qui souffrent beaucoup des journées plus courtes. D’ailleurs, les études à le prouver sont légions. La très grande majorité des adeptes de ski de fond, qui pratiquent le sport de façon régulière, ne connaissent pas la dépression hivernale.
L'éloge de la lenteur
« Je veux faire du ski alpin! » ai-je déclaré à ma mère un beau jour de décembre, alors que j’avais douze ans. Tous mes amis en faisaient. Et puis, descendre les montagnes à pleine vitesse, le vent dans les cheveux, les joues gelées sous l’effet du froid, tout ça remplissait ma tête d’idées folles. « Tu vas te faire mal » m’a-t-elle simplement répondu. Manifestement, elle considérait comme hors de tout doute que j’allais finir la tête contre un sapin. « On va t’acheter des skis de fond, tu iras en faire avec ton père. »
Le… le ski de fond? Glissez sur un terrain plat, sans la moindre notion de plaisir? Le sport le plus plate et le plus lent de l’histoire de l’humanité, pire encore que la raquette? J’allais être la risée de l’école primaire, oui.
Et pourtant. Le ski de fond, c’est sans doute le sport le plus complet que vous pouvez pratiquer l’hiver, plus complet encore que la course, parce que vous travaillez aussi les bras. Un sport qui en vaut vraiment la peine, et pas seulement cette année parce que vous n’avez rien d’autre à faire.
Le ski de fond pour la santé
Si les réveillons et autres partys du temps des Fêtes n’ont pas eu lieu cette année, on a quand même fait des excès, avouons-le. Ne serait-ce que parce que c’était notre seule consolation.
Il n’y a pas mieux que le ski de fond pour se remettre en forme, lui qui fait travailler presque tous les muscles, des chevilles aux épaules. Un incontournable de l’arrière-pays québécois, le ski de fond est l’un des meilleurs exercices pour la santé cardiovasculaire, et permet de travailler son endurance sur des kilomètres.
Même si le ski de fond est un sport d’endurance aussi complet, on considère généralement qu’il est moins dur sur le corps que la course d’hiver. On s’en remet plus facilement, et on est moins courbaturé le lendemain. Je vais souvent skier plusieurs fois par semaine, alors qu’il me faut absolument tout ce que j’ai pour aller courir quinze minutes une fois par mois.
Comment faire du ski de fond? Nos conseils pour les débutants
Deux techniques: le pas classique et le pas de patin
Le ski de fond, ce n’est pas du ski alpin sur un terrain plat. Les skis, pointus, sont beaucoup plus étroits, et les techniques sont complètement différentes.
La première, le pas classique, est de loin la plus courante. Pratiqué sur les pistes damées mais aussi en hors-piste pour les plus rebelles, le pas classique offre une excellente approche au ski de fond, et convient aux plus sérieux comme aux plus débutants. Facile à comprendre et simple à mettre en pratique, cette technique consiste à mettre un ski devant l’autre de façon à glisser sur la neige, et est proche de la marche. Vos bâtons vous aident à avancer, mais ils sont surtout là pour aider à votre équilibre. L’essentiel de la poussée se fait dans les jambes, en mettant le poids principalement sur vos orteils, le corps penchés légèrement vers l’avant.
Si vous vous faites dépasser à vive allure par des skieurs en collants jaune fluo, c’est la technique du style patin. Plus connue sous son appellation anglaise skating, cette technique consiste à effectuer un mouvement en double-poussée avec vos bâtons à chaque enjambée. Les skis, légèrement plus courts que les skis de fond classique, donnent l’impression que vous patinez, d’où le nom. Il existe d’autres façons de le faire, mais elles sont réservées aux experts!
Comment choisir ses skis de fond? Optez pour la simplicité
Skis à écailles, à peaux, techniques de fartage, entretien rigoureux… Le vocabulaire du ski de fond a de quoi faire peur aux non-initiés! Voici une astuce pour bien commencer: choisissez des skis de fond à écailles.
TL;DR: Tous les skis peuvent être fartés, c’est-à-dire cirés. Tous les skis, à écailles, skins et à fartage, peuvent être traités avec une cire de glisse. Pour les skis à écailles et les skis skins (voir ci-dessous), la cire de glisse améliore les performances, mais elle n’est pas nécessaire. Surtout pour des skis neufs. Vous pouvez attendre d’en ressentir le besoin avant de le faire. Si vous êtes un skieur plutôt contemplatif, qui préfère regarder les arbres couverts de neige plutôt que de dépasser tout le monde, une cire de glisse sur vos skis à écailles ou à skins ne vous servira pas à grand-chose.
Un ski à écailles ne nécessite pas d’entretien, surtout si vous êtes un skieur débutant. Il s’agit d’un ski avec une surface texturée qui assure une bonne adhérence dans les montées et une glisse plus qu’acceptable. Parfait pour ceux qui veulent s’initier ou pour tous ceux qui skient sur les pistes travaillées mécaniquement. Vous pouvez lui faire une cire de glisse, afin d’améliorer les performances, mais c’est le seul entretien à faire, et il n’est pas essentiel. Vous n’avez besoin ici d’aucun fartage d’adhérence, les écailles du ski font le travail pour vous.
Les skis à peaux effectuent leur grand retour grâce aux nouvelles technologies de l’industrie. Un excellent compromis, les skis à peaux offrent la meilleure combinaison entre adhérence, glisse et facilité d’entretien. Je me suis personnellement acheté des skis skins cet hiver, et je ne suis pour le moment pas déçue! Il n’y a aucun besoin de fartage d’adhérence, c’est la beauté même des skins. On peut faire une cire de glisse après plusieurs sorties, mais je compte attendre d’en ressentir le besoin avant de le faire. À mon avis, ce n’est pas nécessaire pour des skins neufs. Le seul entretien nécessaire aux skins est un produit SKIN CARE, afin de nettoyer la peau sous le ski des débris du sentier.
Et finalement, les puristes et les athlètes utilisent des skis à farter. Le fartage, c’est la cire que l’on applique sous le ski, afin de le rendre plus performant. Vous devez ici farter pour l’adhérence, contrairement aux skis à écailles et aux skis skins. Attention, si ça semble facile, il faut savoir que le type de fart à utiliser varie en fonction des conditions, du type de randonnée, de la météo, et plus encore. Il faut également se procurer tout le matériel nécessaire. Au risque de donner de sérieux maux de tête aux débutants.
Quelle tenue pour le ski de fond?
Là où Oakley, Burton ou Helly Hansen sont les maîtres incontestés de la glisse pour le ski alpin, ce sont plutôt Salomon, Rossignol, Garneau ou Sportful qui règnent sur les sous-bois enneigés et les pistes damées.
Comment s’habiller pour le ski de fond? Chaque hiver, je vois trop de gros manteaux de ski, de pantalons de neige et d’énormes mitaines chez les fondeurs. Et pourtant. On s’habille pour le ski de fond comme on s’habille pour la course d’hiver. Enfin, presque. On l’a dit, le ski de fond est un sport d’endurance; vous aurez chaud très rapidement. Vaut mieux privilégier les couches, que vous pourrez ajouter ou retirer selon la température.
Personnellement, je ne jure que par une couche de base en laine mérinos, comme celles de icebreaker ou de Kari Traa, qui conserve ma chaleur corporelle et me garde parfaitement au sec, peu importe la température.
Première étape: la couche de base
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J’enfile ensuite un manteau assez mince, très légèrement doublé mais surtout doté d’une bonne protection coupe-vent. Ceux de Sportful et Salomon font parfaitement l’affaire. L’idée n’est pas de trouver la combinaison la plus chaude possible, mais bien d’atteindre un équilibre entre liberté de mouvement, chaleur et protection coupe-vent.
Je le répète: le plus important, ici, c’est le côté coupe-vent. Choisissez un manteau coupe-vent et résistant à l’eau. Vous verrez qu’il y a une différence de performance – et de prix – entre un manteau résistant à l’eau et un manteau complètement imperméable. Mon conseil: optez pour un manteau résistant à l’eau, performant mais moins cher, qui sera capable de résister à la neige et qui vous protégera si vous tombez. Vous n’irez pas skier sous la pluie. Il ne sert à rien de payer très cher pour un manteau en GORE-TEX ou autre.
Le plus important: le manteau coupe-vent
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Restez hydraté
De même que pour la randonnée en été, vous pouvez opter pour un sac d’hydratation ou pour un sac à dos dans lequel vous transporterez une bouteille d’eau. Ou une flasque. Je ne dirai pas pour lequel j’ai une préférence.
Blague à part, l’on ne ressent pas la soif aussi rapidement qu’en été, mais le danger de la déshydratation reste pourtant bien présent. Et avec les relais qui risquent d’être fermés cette année, en raison de la pandémie, mieux vaut prévoir le coup.
Quelques conseils de sécurité pour le ski de fond en pleine nature
Dans les bois, le puissant vent du nord s’estompe, et ne reste plus que le silence. Un silence profond, glacial, entrecoupé seulement par le glissement de vos skis contre la neige folle. C’est là, au cœur de cet océan givré de pins et de bouleaux, que se comprend véritablement l’attrait du ski de fond.
Ce retour aux sources est un excellent moyen de se rapprocher de la nature. De prendre le temps d’écouter. De respirer. Et d’oublier, l’espace d’un instant, le rythme effréné de notre vie quotidienne.
Un conseil. Si vous connaissez bien l’endroit où vous allez, n’apportez pas votre téléphone. La rencontre de la nature est bien suffisant. Et la douzaine de photos de chevreuils ne sont jamais vraiment nécessaires.
Quoi faire si j’ai trop froid en ski? N’attendez pas avant d’ajouter ou de retirer des couches! Si vous avez trop froid, ajoutez une couche intermédiaire que vous pourrez transporter dans votre sac. Et si vous avez trop chaud, retirez-la, car une transpiration excessive peut au final vous refroidir considérablement
Connaissez votre terrain! Assurez-vous de prendre connaissance de la piste devant vous, surtout si vous n’amenez pas votre smartphone. Vous ne voudrez pas vous aventurer sur une piste à sens unique de 15 km si vous n’êtes qu’un débutant. De même, portez une attention particulière au niveau de difficulté. Si vous n’êtes pas prêt à de grosses descentes ou des montées difficiles, choisissez une piste plus facile.
Et si je tombe? Les skieurs expérimentés savent comment tomber en ski de fond. Essayez de tomber sur le côté, et n’utilisez pas vos bâtons pour vous retenir! Après la chute, assurez-vous de vous déplacer sur le côté de la piste. Il arrive que vos skis se croisent, entraînant une chute, et restent croisés, ce qui vous empêche de bouger pour vous déplacer. Le plus simple est d’enlever un ski pour vous déplacer sur le côté, et d’ensuite le remettre après vous être relevé. Et rassurez-vous: les chutes restent normales en ski de fond!
Où faire du ski de fond au Québec?
On connaît les Laurentides comme étant un véritable paradis du ski de fond, mais la Belle Province recèle de secrets bien cachés. Cette année, avec l’achalandage monstre dans les centres les plus en vogue de la SÉPAQ, on vous propose quelques endroits moins courus par la foule.
Mon endroit préféré? Le parc de la Gatineau. Avec ses nombreux kilomètres de pistes et de côtes, en plein coeur de la forêt, il s’agit d’un spot de rêve pour les amateurs de vitesse et de nature.
Près de Montréal? On connaît Saint-Bruno, Oka, etc. mais l’accès plus difficile à la SÉPAQ en cette année de pandémie a de quoi décourager certains. Pour rester en ville, le Mont-Royal est une excellente option. Un endroit coup de coeur: la Montagne coupée, dans Lanaudière, une heure de route à peine de la métropole. Un paradis de nature, de pentes à descendre à pleine vitesse, et les employés les plus accueillants de l’industrie.
Pour s’éloigner des foules? Le parc régional des Grèves, entre Sorel et Contrecoeur. Un parc magnifique et bien entretenu, des kilomètres sur du plat (peu de pentes) en pleine forêt, j’ai longuement hésité avant de l’inclure ici puisqu’il s’agit d’un secret bien gardé. Mais je vous fait confiance que vous n’allez pas tous venir prendre la dernière place de stationnement.
Pour une petite demi-heure de ski sur l’heure du lunch? Le parc Michel-Chartrand, en plein coeur de Longueuil. Si vous aimez les cerfs et les mésanges, vous serez servis.
Pour d’autres idées, consultez notre article sur le sujet!
Conclusion
La vie fait bien les choses. Si je n’avais pas écouté ma mère il y a tant d’années, je serais peut-être en ce moment en train de faire la file pendant des heures au Mont Saint-Anne ou à Bromont. Au contraire, je suis souvent presque seule dans les bois, avec mes skis et ma flasque. Pardon, ma bouteille d’eau. Enfin.
Un conseil, si vous souhaitez vous lancer: keep it up. Ne prenez pas la fin de la pandémie comme un signal que vous devez revenir à vos anciennes habitudes.