Barbour: célèbre méconnue

Shayd Johnson est un photographe canadien qui aime les conversations enrichissantes avec des étrangers, sortir de sa zone de confort, et voir la beauté dans le quotidien.

Barbour: célèbre méconnue

Catherine Prud'homme est directrice marketing et durabilité chez Altitude Sports. Passionnée de plein air et de nature, elle place la question environnementale au centre des préoccupations de l’entreprise.

Barbour: célèbre méconnue

Rédaction par Simon Ruel, rédacteur chez Altitude Sports.

La marque la plus célèbre que vous connaissez peut-être le moins

«Continue de rouler, ils vont se tasser».

J’obtempère, même si j’ai peur d’écraser un mouton. La consigne vient d’Angus, notre coloré guide, qui m’apprend à conduire un Land Rover sur le terrain accidenté des Highlands du Perthshire. C’est la dernière journée de mon voyage, parfaite pour vivre un moment dans l’univers qui a été l'incubateur de l’esthétique et de la fonctionnalité des manteaux Barbour. 

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Un manteau éternel, dans son habitat naturel 
À quelque 1000 mètres d’altitude, on surplombe la campagne écossaise. Les manteaux classiques de Barbour sont chez eux dans cet environnement. En scrutant les vastes étendues vertes en dessous, je me dis que c’est rare, quand même, de créer une chose qui semble aussi immuable que les plaines et les montagnes qui l’ont vu naître. 

Cette semaine, j’ai découvert une marque que je pensais connaître. Barbour, c’est davantage que le style classique britannique. C’est une marque qui a su rester pertinente à travers les époques, jusqu’à devenir la signature prestigieuse qu’on connaît, tout en déployant des efforts constants en matière de durabilité. 

S’il y a une chose que Barbour fait bien depuis toujours, et qui compte aujourd’hui plus que jamais, ce sont ses manteaux classiques en coton ciré, un véritable modèle de durabilité. Voici un humble portrait de cet indétrônable et de son processus de fabrication, moderne depuis plus d’un siècle.

Mentalité verte et sang bleu 
Dès qu’on arrive aux bureaux de Barbour à South Shields, sur la rive sud de la Tyne dans le nord de l’Angleterre, on remarque les Royal Warrants of Appointment. Ils certifient que la compagnie habille les membres de la famille royale. Ça donne le ton! 

- Ouf, Gary… Ça, c’est vraiment un vieux manteau. 
- Le plus vieux dans nos archives! 

Gary Janes est gestionnaire design et développement chez Barbour depuis presque 20 ans. Le manteau qu’il me montre est affectueusement surnommé Uncle Harry’s Coat. Il date de 1910, quand la résistance aux éléments des produits Barbour provenait d’une huile. Aujourd’hui, ils sont faits avec du coton ciré par Halley Stevensons, une marque écossaise certifiée bluesign qui existe depuis 1864. 

Le produit final est souple et respirant dans la chaleur, mais plus rigide et davantage coupe-vent au froid. Et par-dessus tout, il correspond parfaitement à la vision environnementale de Barbour. 

Histoires de tartans 
Helen, la fille de Dame Margaret Barbour, et moi sommes assises sous un tableau qui représente le Barbour Beacon, phare légendaire qu’on retrouve sur certaines étiquettes de la marque. Elle me raconte un voyage à Édimbourg, au début des années 1990. Elle avait alors découvert tout bonnement, dans un magasin pour touristes, que le tartan qu’utilisait Barbour ne lui était pas exclusif. 

Le jour suivant, curieuse, je monte dans un train vers Édimbourg, pour rencontrer Douglas Kinloch Anderson. Il est le président de la compagnie familiale écossaise que Barbour a mandaté pour élaborer un tartan qui lui soit propre, et conforme aux origines de son nom. Kinloch Anderson fournit toujours son tartan à Barbour aujourd’hui (et leurs kilts à la famille royale). 

Douglas m’apprend que les origines du nom Barbour remontent au 13e siècle. Son tartan, unique et élégant, est inspiré de la côte ouest-écossaise d’où il émane. Ça me fait prendre conscience qu’on ne réalise pas toujours à quel point des marques européennes comme Barbour peuvent être profondément enracinées dans une culture qui me semble tout à coup si ancienne, de mon point de vue nord-américain.


Porter, cirer, réparer, recommencer 
C’est à peine croyable de voir la quantité de manteaux qui sont au centre de réparation, juste en face des bureaux de la marque. Les manteaux Barbour vieillissent bien. Parce qu’ils sont robustes, mais aussi parce qu’ils arborent leurs signes d’usure et leurs cicatrices avec la plus grande élégance. 

À la station de cirage, je rencontre l’expert en la matière, Neil Travis. La recommandation de l’équipe: un cirage par année. C’est vraiment zen de voir Neil travailler: «cirer les manteaux, c’est comme ma méditation», qu’il me dit. Tant mieux, parce que globalement, Barbour refait la cire de plus de 60 000 manteaux annuellement! 

Barbour offre réellement un des choix les plus responsables et durables qui soient: un manteau fabriqué en Europe, avec des matériaux de première qualité, qu’on portera encore et encore, qu’on réparera et dont on refera la cire, et qui se passera de génération en génération. 

L’avant-scène, par les chemins de campagne 
De retour dans l’atelier, c’est fascinant de voyager dans le temps avec Gary d’un design à l’autre. Je suis impressionnée par sa connaissance encyclopédique de chacun d’eux, et par les besoins super spécifiques auxquels ils répondent. 

Pêche, équitation, moto… À travers les époques, Barbour a multiplié les déclinaisons de ses manteaux avec énormément de pragmatisme, en insistant toujours sur la qualité, la durabilité, la réparabilité et la facilité d’entretien. 

Quoique ces idées soient aujourd’hui la préoccupation numéro un de toute marque écoresponsable qui se respecte, je constate avec admiration qu’elles font partie de l’identité de Barbour depuis toujours. 

Cela dit, le moment où l’image de Barbour se cristallise véritablement dans l’univers de la mode, selon Gary, c’est quand Dame Margaret Barbour prend les commandes en 1968. On lui doit entre autres l’introduction des modèles pour femme dans la collection, et du bleu marine maintenant classique. Suite à quoi le sacre ultime survient dans les années 1980, quand nulle autre que la princesse Diana est vue en public portant un manteau Barbour… 

Épilogue 
Le premier soir de mon séjour, au restaurant Träkol à Newcastle, je contemplais rêveusement le généreux Sunday Roast - option végé! - qui s’offrait à notre tablée. Première arrivée le matin, j’avais passé la journée seule à découvrir la ville. 

South Shields, tout près de Newcastle, occupe une place centrale dans l’histoire de Barbour. C'est pour se rapprocher de la vaste population ouvrière de cet épicentre industriel que John Barbour s’y est installé en 1894, afin de fournir toiles cirées et vêtements aux marins, pêcheurs, fermiers, bergers, et tout ouvrier gagnant sa vie dehors par toute température. 

Je comprends maintenant que c’est de là que vient leur élégance discrète, qui nous plait tant. De ce caractère déterminé et réaliste. De cette authenticité inimitable.

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