Ray Zahab est un explorateur canadien, coureur d'ultra-distance, et fondateur de l’organisme impossible2possible. Il compte 17 000 km de course à son actif, dans des conditions parfois désertiques, parfois parmi les plus froides sur la planète. Cet été, il a traversé la vallée de la Mort sous une chaleur extrême.

Texte: Reilly Doucet, rédactrice chez Altitude Sports

Longues Distances: La vallée de la Mort, à la vitesse Ray Zahab

Ray Zahab ne s’intéresse pas à la facilité. Coureur d’ultra-distance, il a franchi à pied tous les déserts du monde. La première fois, il a couvert 7500 km en 111 jours. Plusieurs de ses expéditions subséquentes ont duré plus de deux semaines. Traverser la vallée de la Mort à son plus large, soit 133.8 km, semble presque facile comparé aux exploits précédents de Ray. 

Mais pour ce périple estival, il a élevé la barre d’un cran. Son but: traverser la vallée d’ouest en est aussi rapidement que possible. Et rapide ce fut. Ray et son compagnon d’aventure Stefano souhaitaient compléter la traversée en 48 heures; ils l’auront finalement faite en 34.

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Dans le sud de la Californie, à la frontière du Nevada, se trouve le parc national le plus vaste, le plus chaud, le plus sec et le plus bas en altitude des États-Unis. Il attire touristes et passionnés de nature avec ses forêts alpines de cèdres et de Joshua Trees, ses canyons étroits, ses dunes, ses vallées sinueuses et sa brousse désertique. On s’y rend pour admirer le paysage, faire de la randonnée et camper, mais peu oseraient traverser la vallée de la Mort à la course d’un seul coup.

Pour Ray Zahab, plus le défi est grand, mieux c’est. Sa course a commencé haut dans les montagnes, parmi les Joshua Trees, dans l’odeur des cèdres quasi brûlants. À chaque kilomètre franchi, il a vu le paysage aride se transformer lentement en quelque chose de neuf, toujours aussi exigeant. En descendant dans la vallée, il allait trouver de vastes déserts de sel, des amas de sédiments s’élevant en cônes, des canyons aux façades de 30 mètres de haut… Et des températures encore plus chaudes. 

«La traversée de la vallée de la Mort, c’est une route à sens unique», explique Ray. «À certains endroits, il n’y a pas d’issue. Il faut en être conscient quand on s’engage dans ces segments, qui présentent des conditions parmi les plus précaires sur la route. Aller dans la mauvaise direction, avoir à faire demi-tour, et la possibilité de manquer d’eau sont autant de risques bien réels, qui pourraient nuire à la réussite de l’expédition.»

Bien que le parcours soit incroyablement exigeant physiquement, la partie la plus difficile pour Ray était de faire face à ses propres blocages mentaux. Puisqu’il avait déjà visité la vallée de la Mort, il connaissait bien ses dangers et sa nature imprévisible. Profiter de l’aventure et vivre le moment présent, plutôt que de se perdre en conjectures, représentait son vrai défi.

Cela dit, la bonne planification calme l’esprit. Le moment du départ devait être extrêmement bien réfléchi, de manière à traverser la section la plus basse - donc la plus chaude - au milieu de la nuit, quand la température baisse de façon significative. Au lieu de quelques heures de sommeil bien méritées, Ray et son compagnon d’aventure se sont faufilés dans la vallée, à travers dunes et formations rocheuses. Sous un ciel surréel, illuminé d’innombrables étoiles, ils ont eu droit aux vues les plus mémorables de leur périple.

«Les changements de température sont toujours un aspect crucial de mes expéditions», explique Ray. Pour la vallée de la Mort, son choix de partir en juillet s’est fait en étant bien conscient que les températures diurnes atteindraient les 50 degrés Celsius. Ce qui est si chaud que les 35 degrés nocturnes semblent frisquets. «Et je ne parle pas seulement de la température extérieure», ajoute-t-il en parlant du froid, «je parle de ma température corporelle, alors que mon système s’habitue à passer la journée sous un soleil de plomb. Si on n’est pas préparé, on risque l’hypothermie en raison du changement drastique.»

Ce qui nous ramène à la préparation, et au choix minutieux de l’équipement. Les essentiels de Ray sont un manteau en duvet léger de Canada Goose, pour parer aux changements de température, ses chaussures de course sur sentier Norda, et son sac à dos de course Osprey. Il les connaît si bien qu’il n’hésite pas à les prendre avec lui pour une course de 34 heures sans les utiliser un peu d’abord. Les chaussures Norda, par exemple, ne lui auront causé aucune ampoule, en courant sans chaussettes dans des conditions extrêmes, même flambant neuves.

Par ailleurs, quand on transporte tout son équipement sur son dos, on doit voyager léger. «Je coupe les étiquettes de mes vêtements pour sauver jusqu’au dernier gramme», admet Ray. Tout poids excédentaire a une incidence sur la vitesse à laquelle on avance, qui est l’enjeu principal. Dans le but de terminer la traversée le plus rapidement possible, les pauses aussi sont minimales, réservées aux moments où une bonne progression a permis de sauver un peu de temps.

Par chance, malgré une grande variété de terrains, aucune erreur de navigation majeure ne s’est produite. La traversée de Ray s’est achevée 14 heures à l’avance, au milieu de nulle part, parmi les herbes courtes et piquantes du Nevada, dont il venait de passer la frontière. 133,8 kilomètres de course, à ajouter à son cumulatif de près de 20 000.

Peut-il décrire l’expérience en un mot?

«Je suis conscient que c’est galvaudé, mais il n’y a qu’une façon de décrire la beauté du désert, l’émerveillement que provoquent ses nuits, l’incertitude d’atteindre l’objectif, puis la réussite et la camaraderie des célébrations qui s’ensuivent: c’est épique».

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