Texte : Stéphanie Major, rédactrice chez Altitude Sports
Traduction : Reilly Doucet, rédactrice chez Altitude Sports
INCURSION DANS L’UNIVERS DU FREERIDE AU QUÉBEC
Organisé par ESTSKI, l’événement avait pour mission de contribuer au développement du freeride dans l’est du Canada. L’équipe Altitude Sports a contribué à donner le coup d’envoi du circuit et a pu assister à la compétition au Mont Édouard, le 29 janvier 2022. Voici un aperçu de ce qui se cache dans l’univers extrême du freeride, raconté par la planchiste Ariane Goulet.
Tu es un visage connu de l’univers du freeride au Québec. Qu’est-ce qui t’a menée vers cette discipline?
C’est dans les montagnes d’Innsbruck, en Autriche, que tout a commencé. Je me suis retrouvée un peu par hasard au milieu d’un groupe de freeriders expérimentés qui m’ont encouragée à m’inscrire à ma première compétition de freeride. Je ne suis pas du tout compétitive, mais je me suis lentement laissée entraîner dans ce monde à la fois effrayant et fascinant. Mon parcours est très varié, en snowboardcross et en slalom géant, par exemple. Ça m’a vraiment aidée à me démarquer et j’ai réussi à accéder aux dernières étapes de qualification du Freeride World Tour (FWT). Dès ma deuxième année en compétition, je partageais la première place du circuit de qualification américain, dans une discipline que je n’aurais pourtant jamais cru accessible!
Tu travailles avec ESTSKI, qui s’est occupé d’organiser le premier circuit de compétition de ski freeride au Québec, intégré au système mondial de qualification du Freeride World Tour. Comment avez-vous réussi à mettre la province sur la carte du freeride à travers le monde?
Notre équipe bénévole travaille depuis deux ans déjà avec les stations de ski et la International Freeskiers and Snowboarders Association (IFSA), qui coordonne la discipline en Amérique. Après plusieurs événements dans l’ouest du Canada et dans l’est des États-Unis, elle espérait voir se développer le sport dans l’est du Canada. C’est en travaillant avec l’association que nous avons bâti une équipe québécoise capable de proposer des événements à la hauteur du système mondial de qualification du FWT. D’ailleurs, c’est la première fois qu’un athlète d’ici n’aura pas besoin de prendre l’avion pour gravir les échelons du freeride!
Parle-nous du circuit. Comment faire pour se qualifier pour le Freeride World Tour? Qu’est-ce que ça prend pour se rendre jusque-là?
Le concept du freeride est simple: un point de départ, un point d’arrivée, et la face d’une montagne. Il n’y a pas de chrono ni d’altération au terrain. Les athlètes doivent utiliser le terrain et ses obstacles naturels. Le but? Impressionner les juges.
Les athlètes sont jugés selon cinq critères: le choix de la ligne, le contrôle des mouvements, la fluidité, la technique et le style. Ce sont les obstacles choisis, le nombre de sauts, l’enchaînement de ceux-ci et la qualité d’exécution de l’ensemble de la descente qui fait gagner le plus de points.
Maintenant, si l’on parle du Freeride World Tour, celui-ci fonctionne suivant un système de qualification qui comprend plusieurs événements de différents niveaux à travers le monde. Plus un athlète participe à des compétitions d’envergure (de type 3 étoiles et 4 étoiles) et plus il s’approche du podium, plus il amasse des points. Attention, par contre: tous les athlètes ne peuvent pas nécessairement participer à tous les événements. Pour les événements de plus haut calibre, il faut avoir été invité après avoir obtenu des points dans de plus petits événements. Cette année, nous offrons au Québec trois événements 2 étoiles. Une bonne porte d’entrée pour les athlètes d’ici.
Comment vois-tu l’évolution de la discipline au Québec et dans l’est du Canada?
Je me surprends à rêver! Nous espérons voir le circuit se développer davantage afin d’intégrer plus de stations et surtout d’aller plus vers le hors-piste. Il y a beaucoup de potentiel, et nous avons bon espoir de voir nos athlètes se démarquer ici et à l’international.
Les choix d’Ariane
Le freeride se pratique habituellement sur des terrains non aménagés, et on a souvent cette idée qu’il n’y a pas beaucoup d’endroits au Québec où le pratiquer. On comprend que tu veuilles garder ça secret, mais as-tu quelques endroits intéressants à nous partager?
J’adore la Montagne Noire et la région de Saint-Donat en général. Le mont Lyall et le mont Hog’s Back, en Gaspésie, valent également le détour.
Trouver de bons endroits demande énormément de travail. On doit explorer le territoire pendant la saison estivale, demander des permis, etc. Heureusement, la Fédération Québécoise de la Montagne et de l’Escalade (FQME) travaille avec plusieurs organismes locaux afin d’ouvrir de nouveaux secteurs hors-piste à travers la province.
Finalement, y a-t-il une montagne sur ta Bucket List?
Quelque part au Japon, ou en Nouvelle-Zélande. Ça va plus loin que la simple envie d’une montagne: je veux faire l’expérience d’une culture totalement différente de la mienne, et rencontrer des skieurs et des gens incroyables.