INCURSION DANS L'UNIVERS D'UN GUIDE DE MONTAGNE

Elora Braden est une cinéaste et photographe basée à Golden, en Colombie-Britannique. Ses œuvres donnent une voix aux histoires qui viennent du cœur. On la retrouve habituellement au sommet d’une montagne ou dans un espace vert où l’aventure l’appelle. Sa passion : mettre en scène des marques à l’aide des histoires vraies de ceux qui les utilisent.

INCURSION DANS L'UNIVERS D'UN GUIDE DE MONTAGNE

Nicolas Krafft est un passionné d'activités de plein air et un gestionnaire Marketing chez Altitude Sports. Il adore l'aventure et possède un penchant pour l'exploration des grands espaces, en particulier à travers les sports exaltants que sont l'escalade de glace et l'alpinisme. Lorsqu'il n'est pas en train de conquérir les hauteurs glacées et de s'attaquer à des terrains accidentés, Nicolas aime être un père dévoué, et partage son amour de l'aventure avec sa famille.

INCURSION DANS L'UNIVERS D'UN GUIDE DE MONTAGNE

Rédigé par Stéphanie Major

SQUAMISH, C-B: INCURSION DANS L’UNIVERS D’UN GUIDE DE MONTAGNE

La montagne possède son propre langage. 

Elle parle avec le vent, la pluie ou la neige. Avec les bourrasques qui descendent de ses crêtes au moment où vous ne vous y attendiez pas, ou l’avalanche qui emporte tout sur son passage, des pins centenaires aux skieurs expérimentés. 

La montagne est dangereuse, aussi. Et le danger, c’est une chose avec laquelle Jean-François Plouffe doit composer tous les jours de sa vie. Bienvenue dans l’univers d’un guide de montagne. 

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Planification
Squamish, la Mecque du plein air, un nom bien connu des sportifs du monde entier. Pour moi, simple skieur de la côte est, qui me retrouve pour la première fois devant le fameux Chief (l’énorme dôme rocheux qui domine la ville), c’est un rêve devenu réalité. C’est ici que je suis venu m’immiscer dans le quotidien de Jean-François Plouffe, skieur, guide de montagne professionnel et ambassadeur pour Helly Hansen. 

J-F fait ça depuis vingt ans. Sa mission est d’accompagner ses clients lors d’excursions, de planifier l’itinéraire, d’assurer la sécurité du groupe et désormais de l’éduquer sur les enjeux environnementaux. Même s’il connaît la montagne de fond en comble, ce n’est pas une mince affaire. «C’est un travail dangereux, admet-il alors qu'on arrive chez lui, dans l’atelier où se trouve son équipement. Mais le danger se trouve tout autour de nous. Il suffit d’accepter les risques et d’être bien préparés. Quand on y pense bien, passer la journée assis sur son divan… ça comporte aussi son lot de risques, mais pour de moins bonnes raisons!» 

Ce matin d’avril, nous sommes réunis chez lui afin de choisir notre route pour le lendemain, où nous irons skier dans les montagnes. Notre guide ne laisse rien au hasard. Un détail qu’il ne négligera jamais: l’équipement d’avalanche, avec sa pelle, sa sonde, et son DVA. 

Les avalanches font partie du métier. Avec le réchauffement climatique, toutefois, elles se comporteront probablement de manière bien différente, et les guides doivent plus que jamais savoir décoder le langage de la montagne afin de connaître l’influence de la météo sur les conditions de ski. J-F nous montre justement comment la situation des derniers jours a créé des plaques à vent sur l’un des versants, de vastes étendues de poudrerie qui forment une plaque dense sur une couche de neige légère, et qui sont souvent responsables du déclenchement des avalanches. 

Il est catégorique: impossible d’aller skier dans cette zone. 

«La neige est dynamique, explique-t-il, les yeux rivés sur les modèles météo, qui montrent plusieurs configurations possibles. Elle est constamment influencée par le soleil, le vent, la température. Je n’ai pas le choix de prendre tous ces facteurs en considération. Ce n’est pas parce que j’ai une intime connaissance de la montagne que je peux faire fi de ce genre de détails.» 

Il se décide finalement sur une route, celle qui monte la Sky Pilot Mountain au-dessus de Squamish. 

Avalanches et compagnie 
Mercredi, 8h. Après un réveil aux aurores, on profite de la popularité de J-F pour s’offrir la fameuse gondole Sea to Sky et se hisser près de notre point de départ. J-F est ambassadeur de la montagne, et si j’avais le moindre doute quant à sa quasi célébrité dans la région, je n’ai eu qu’à regarder le visage de mon guide, en gros plan, sur notre cabine. Avec la mer au dos, la Sky Pilot en face, l’air iodé de l’océan qui nous parvient malgré l’altitude, la vue est à couper le souffle. On commence à monter, et J-F nous somme rapidement de sortir notre matériel d’avalanche. 

Même si le but de la sécurité en montagne est d'apprendre à ne pas avoir besoin de son DVA, il faut savoir le faire, et J-F nous en explique les rouages lors d’un exercice. Lui qui vient ici tous les jours profite de ces moments d’enseignement pour parfaire ses connaissances et s’exercer à déterrer des objets sous la neige, un entraînement crucial pour les guides expérimentés. Le DVA est un petit appareil électronique porté par les membres d’un groupe. En cas d’avalanche, il permet à ceux restés en surface de localiser les membres enfouis sous la neige. Lorsque la victime - une malheureuse tuque Helly Hansen, dans notre cas - est découverte, on utilise la sonde afin de déterminer sa position exacte, puis la pelle afin de la déterrer. Il faut agir extrêmement vite et être très efficace, puisque les chances de survie s’amenuisent rapidement. Ce n’est pas le moment d’utiliser son DVA pour la première fois et risquer de précieuses minutes qui coûteront sans doute la vie à quelqu’un. Je l’ai dit: l’entraînement est crucial. 

On continue ensuite à monter. Sous les nuances de bleu et de vert, de blanc et de noir, je me sens rapidement perdu face à l’immensité. On dirait que la montagne m’avale tout entier. On ne fait pas le poids devant la grandeur de Sky Pilot.

Comprendre la montagne 
Et pourtant. Notre influence est indéniable sur ces géants de neige. Les activités humaines ont des conséquences désastreuses sur les milieux naturels, et les professionnels de la montagne sont aux premières loges pour le constater. Il y a moins de neige, il fait plus chaud, les phénomènes météorologiques extrêmes sont plus fréquents. Pour J-F, le point de non-retour est venu lorsqu’il menait une expédition à plus de 2000 m d’altitude. Au sommet d’un glacier, il a trouvé une bouteille d’eau en plastique jetée par quelqu’un. 

«J’étais renversé. Ce n’était pas supposé se trouver là! Du plastique, on en voit partout dans les rivières et les océans. Mais aussi haut? Ça m’a vraiment choqué, se souvient-il.» J-F l’a pris comme un signe que, s’il voulait continuer à exercer ses activités en montagne, et s’il voulait que ses enfants puissent en profiter à leur tour, il fallait éduquer la population aux enjeux, bien réels, de la pollution par le plastique et des changements climatiques. Ça fait désormais partie intégrante de son métier de guide. 

La montagne comporte donc son lot de risques, et la prudence est de mise chaque fois que l’on s’y aventure. La météo changeante des régions en haute altitude deviendra encore plus imprévisible avec le réchauffement. Plus que jamais, il faut savoir écouter la montagne. Parce que, ce qu’elle tente désespérément de nous dire, aujourd’hui en 2023, au milieu des neiges (qui ne sont plus) éternelles et des feux de forêts à répétition, on ne peut plus l’ignorer. 

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