Rédaction par Simon Ruel, rédacteur chez Altitude Sports.
Plein air communautaire: Connexions organiques au Texas avec Latino Outdoors et Osprey
Marie-Pierre Paradis-Claes, notre gestionnaire de contenu éditorial, s’est rendue à Austin au Texas pour rencontrer José González, fondateur de Latino Outdoors, alors qu’il y était de passage pour participer à une randonnée de la branche locale de l’organisation, qui travaille à promouvoir l’inclusivité du plein air pour la communauté latino-américaine.
Jour 1: Austin, Texas baby!
On marche sur les berges de la rivière Colorado. José González est super charismatique, souriant, il écoute beaucoup et pose de bonnes questions. Depuis qu’il a fondé Latino Outdoors en 2013, l’organisation a pris beaucoup d’ampleur, au point où il sillonne désormais le pays pour aller à la rencontre de ses différentes équipes, donner des séminaires, et bien sûr participer à des activités de plein air. S’il est visiblement épuisé par ce rythme effréné, quand on lui demande s’il se voit faire autre chose, il est catégorique: non, il adore entretenir ses relations en personne avec les différents organisateurs et bénévoles locaux, et comprendre leur réalité et celle de leur communauté.
José et Latino Outdoors, qui célèbre ses dix ans cette année, se consacrent à rendre le plein air plus accueillant, et surtout plus inclusif pour la communauté latino-américaine aux États-Unis. Pour Latino Outdoors, tout est affaire de connexion: avec le territoire, avec ses enjeux, et avec le processus par lequel on y accède, mais aussi entre les personnes.
En retrait de l’animation de la ville, qui se prépare pour son célèbre festival annuel South By Southwest, José m’explique que demain, ce sera le plus grand rassemblement pour une activité de Latino Outdoors au Texas à ce jour, attirant même à Austin des participants de San Antonio, distante de quelque 140 kilomètres. Une trentaine de personnes de tous âges seront réunies pour l’occasion, plusieurs pour avoir la chance de rencontrer José, qui est un peu une célébrité dans sa communauté.
Né au Mexique, il vit en Californie depuis qu’il a neuf ans. De son enfance, il se souvient que les mots ‘plein air’ n’existaient pas autour de lui - le concept, encore moins. Dehors, c’était pour travailler, sur le ranch ou ailleurs. Puis, à Sacramento, où sa famille s’est installée, il entend l’appel de la nature. Il commence à visiter les multiples et luxuriants parcs nationaux de la région, et c’est à ce moment qu’il constate que les membres de sa communauté sont absents du paysage. C’est la genèse de Latino Outdoors.
On monte dans un taxi pour se rapprocher du centre et notre chauffeur est hispanophone, ce qui n’a rien de surprenant. À Austin, la population latino-américaine a augmenté de 35% dans les 20 dernières années. Il s’appelle José aussi, et c’est ainsi que je découvre le concept de tocayo, soit le nom que se donnent les personnes qui ont le même prénom en espagnol, et qui sous-entend plus que simplement ‘homonyme’ - quelque chose de plus profond, comme ‘semblable’. La rencontre impromptue semble on ne peut plus appropriée, pour un week-end qui se révèle plus à propos de communauté que de randonnée.
- ¿A dónde los llevo?
- Pouvez-vous nous emmener à peu près au milieu, s’il vous plaît?
Le soleil est en train de se coucher au-dessus du Congress Avenue Bridge, où José (celui qui conduit un taxi) nous dépose. Des dizaines de personnes s’entassent sur les berges de la rivière, dans des embarcations sur l’eau et aux abords du pont, les yeux rivés sur le dessous de son tablier. Je n’ai pas le temps de trouver un bon samaritain pour m’expliquer ce qui se passe que des milliers de chauves-souris s’envolent d’un coup des fissures de la structure, tout droit sorties d’un film d’horreur. Il y en a tellement, on dirait un nuage qui danse. Keep Austin weird, qu’ils disent ici…
Jour 2: Le plein air en tant qu’espace communautaire
À sept heures du matin, au McKinney Falls State Park, le banc où je suis assise avec José est entouré de Bluebonnet, ces fleurs sauvages emblématiques du Texas, dont la floraison marque officiellement l’arrivée du printemps.
Le parc est situé en banlieue d’Austin, et José me parle de l’importance de l’accessibilité du plein air pour la communauté latinx. Il faut proposer des activités qui nécessitent peu d’équipement, et surtout qui se déroulent proche des grands centres. Le plein air est un prétexte pour que les gens de la communauté connectent entre eux et avec le territoire. Chaque activité comprend un aspect un peu spirituel, où on porte attention au lieu où elle se déroule, à son histoire et à celle des peuples qui l’ont habité. Souvent, ce sont des participants qui racontent une histoire qui provient de leur héritage culturel, et c’est ce qui donne le ton à la journée.
On entame notre randonnée en traversant la rivière Colorado. Quand le niveau de l’eau est élevé dans ce parc national, on peut pêcher; aujourd’hui, il est suffisamment bas pour qu’on puisse avancer sans se mouiller. Derrière moi, Maddie, 12 ans, placote sans arrêt.
- Qu’est-ce que tu aimes le plus faire, dehors, Maddie?
- Marcher avec ma grand-mère!
Sourire complice de la abuela en question, qui accompagne sa petite-fille aujourd’hui. Les familles sont nombreuses dans le groupe, et les personnes de tous âges. Bianca, qui participe à des activités de Latino Outdoors depuis 2017 et qui a aidé à démarrer le groupe d’Austin, il y a neuf mois à peine, décrit les connexions qu’elle voit s’opérer lors de ces événements comme organiques: les gens entament toujours la conversation naturellement, et se trouvent toutes sortes de points communs qui finissent par tisser des liens forts et durables.
Je discute longuement avec John, qui me parle de ses racines mexicaines et autochtones. Xicano-Apache est le qualificatif qu’il utilise. Xicano/Xicana, ou Xicanx pour la version non genrée, désigne une personne née aux États-Unis de parents mexicains. Il me raconte une cérémonie à laquelle il a participé la veille avec sa tribu. Depuis que je suis rentrée, j’ai vu que John avait publié une photo de la randonnée sur ses médias sociaux, avec le texte «estamos plantando semillas de esperanza, cambio y reconexión para las generaciones futuras», qui veut dire «nous plantons des graines d'espoir, de changement et de reconnexion pour les générations futures». Bien dit, John.
Latino Outdoors est bien plus qu’un organisme, c’est une communauté tissée serrée. Le groupe que j’ai rencontré a une connexion spéciale, un sentiment d’appartenance qui lui confère sa force indéniable. Ensemble, ses membres discutent d’enjeux qui les touchent, et trouvent des solutions en collectivité. Latino Outdoors offre un cadre sécurisant et invitant pour quiconque souhaite s’y joindre. Cela crée une sorte de système de soutien collectif, et je suis certaine que les bienfaits sont autant physiques que psychologiques. Le plein air, dans tout ça? Vous vous en doutez bien: la nature fournit le cadre idéal pour faire l’expérience d’une aussi grande bienveillance.
Questions à Marie-Pierre
1. Que retiens-tu de tes conversations avec les gens de LO?
La cultura fait partie intégrante de la communauté, et tout le monde était fier de contribuer avec des éléments propres à leurs racines.
2. Une pièce d’équipement indispensable?
Le réservoir Hydraulics que j’ai glissé dans mon sac à dos pour m’hydrater facilement en ayant les mains libres - pour prendre des photos!
3. Austin est la capitale autoproclamée de la musique live: ta chanson country préférée?
Jolene de Dolly Parton, la queen du country.