D’un bout à l’autre de la Nouvelle-Zélande: Traverser un pays sur ses grandes pattes

Illustratrice et artiste de profession, Florence Rivest est une amoureuse du grand air à temps plein. Son travail s’inspire du territoire et des espaces naturels qu’elle visite pour s’ancrer. Depuis 2020, elle anime des ateliers et expéditions d’art en plein air, où l’objectif est le plaisir de prendre le temps.

D’un bout à l’autre de la Nouvelle-Zélande: Traverser un pays sur ses grandes pattes

Rachel Lecompte, conceptrice-rédactrice et directrice artistique, est contente d’être contente lorsqu’elle est en mouvement… point bonus si c’est dehors. Si elle n’est pas en train de courir à travers les rues de la ville, elle est probablement partie jouer en montagne.

D’un bout à l’autre de la Nouvelle-Zélande: Traverser un pays sur ses grandes pattes

Texte – Rachel Lecompte | Illustrations – Florence Rivest

D’un bout à l’autre de la Nouvelle-Zélande: Traverser un pays sur ses grandes pattes

En novembre dernier à l’autre bout du monde, Florence Rivest, illustratrice et mordue de plein air, et Rachel Lecompte, conceptrice-rédactrice et grimpeuse de montagnes, ont traversé à pied la Nouvelle-Zélande. Le sentier Te Araroa, ou ‘le long chemin’ en langue maorie, a accueilli ces deux amies-randonneuses-passionnées du dehors, pour leur petite marche de 3000 km autant longiligne que mythique à travers ce pays. Entre le 21 novembre 2022 et le 7 avril 2023, elles ont sillonné sur leurs grandes pattes le Te Araroa, qui parcourt les deux îles principales du pays, avec comme point de départ emblématique le phare du Cape Reinga sur l’île Nord et son arrivée très espérée à Bluff, à l’extrémité de l’île Sud.

La Nouvelle-Zélande, c’est un peu comme si tu prenais tous les plus beaux paysages de l’Amérique, mais condensés sur deux îles minuscules au beau milieu de l’océan Pacifique Sud.

Il y a de la beauté au kilomètre carré! Avec 3036 km de randonnée en ligne droite du Nord au Sud, tu passes par tous les paysages qu’un si petit pays a à offrir – plages infinies de sable blanc (incluant la fameuse 90 mile beach!), forêts tropicales avec un intense facteur humidex, sentiers de boue jusqu’aux genoux, autoroutes de bord de grandes villes, bleds ruraux avec vaches et moutons à l’horizon, chaînes de montagnes enneigées, massifs d'origine volcanique, rivières glaciales aux sédiments pastel, forêts  à la végétation et aux oiseaux indigènes, vallées verdoyantes à souhait, paysages lunaires qui semblent couverts de rouille, et j’en passe. Une journée typique au pays des Kiwis, ça ressemble à quatre saisons dans le désordre – du givre sur ta tente au petit matin, un vent froid pour la pause-café et subitement, une chaleur suffocante lorsque vient le temps du wrap au beurre d’arachides sous le soleil de midi.

« Marcher environ 25 km par jour sans le moindre confort: pourquoi veux-tu te faire vivre ça?! » On m'a souvent lancé cette question quand je parlais de ce grand projet. Et je répondais toujours : pourquoi pas? Quand d’autre aurais-je la possibilité de vivre dehors et de marcher pendant cinq mois à travers des paysages de cartes postales, accompagnée d’une de mes amies les plus précieuses ? L’autre inquiétude de mes proches, bien sûr, était en lien avec la sécurité en randonnée, surtout en tant que femmes. 

À vrai dire, sur le sentier, Florence et moi nous sentions encore plus en sécurité qu’ailleurs. La nature a été bonne pour nous, tout comme les humains rencontrés sur le passage. Il régnait un respect entre tout.es qui allait de soi. Est-ce qu’on a eu peur à certains moments? Oui, surtout quand la nature nous rappelait à l’ordre et nous montrait à quel point nous étions « si petites ». On se souviendra toujours de cette traversée de la rivière Ahuriri, que j’ai renommée « la rivière catastrophe », dans laquelle on a failli perdre un ami de trail, ainsi que les très grands froids en altitude qui ont laissé Flo au bord de l’hypothermie.

Comment se prépare-t-on pour une telle rando? En marchant! Il y avait évidemment la préparation physique (et mentale), ainsi que la logistique de tout mettre sur pause côté boulot et perso. Venait ensuite la partie fun : le choix du gear. On était déjà équipées pour de la longue rando, mais on n’avait jamais été dans le zèle de peser notre matériel et d’y aller en mode ultraléger. Quand tu portes tout sur ton dos pendant aussi longtemps en gravissant des montagnes de 2000 m et en marchant parfois jusqu’à 45 km par jour, le poids devient rapidement non négligeable. Voilà pourquoi on a vite opté pour de l’équipement plus léger et résistant, comme notre véritable maison mobile : la tente TigerWall de Big Agnes. On a aussi troqué nos habituelles bottes de randonnée pour de vraies chaussures de trail, des Altra LonePeak 6 comme de vraies thru-hikeuses.

Cette aventure à deux a été une magnifique expérience humaine, parfois difficile, mais somme toute belle, sincère et pleine de folies… Au campement, les autres randonneurs nous entendaient toujours pleurer de rire sous la tente. Était-ce la fatigue qui parlait ou nos mauvais jeux de mots? On ne le saura peut-être jamais.

Et chaque fois qu’on nous demandait : « How long are you here for? », on citait notre bon ami Drake: ‘We’re here for a gooooood time, not a long time!’ 

Marcher aussi longtemps et vivre au gré de dame Nature m’a confirmé que le bonheur se trouve dans les petites choses, et qu’on a besoin de peu pour être heureuse. Comme avoir les pieds secs dans son sac de couchage, savourer son café instant’ un peu tiède sous la tente quand il pleut le matin…  Parce que tous les jours, tout ce qu’on ressentait, c’était la chance infinie qu’on avait d’être là et la gratitude d’avoir la possibilité de juste exister. Être dans le moment présent, prendre le temps de vivre et de profiter de l’aventure, un pas à la fois. Depuis notre retour à notre vie ici, on se demande souvent si on va un jour en revenir du Te Araroa. J’imagine que non… jusqu’à notre prochaine grande aventure!

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