Les deux palettes sous mes pieds glissent sur la neige simultanément pendant que je me cramponne au T-bar. La corde d’acier nous tire aisément sur la pente abrupte du glacier Blackcomb, bloc grandiose qui tranche le bleu du ciel, annonçant une journée quasi printanière. Je suis ici pour tester les nouveautés de la collection Whiteline d’Arc’teryx. Mettre à l’épreuve leurs produits dans les environnements les plus rigoureux fait partie intégrante de leur processus de contrôle de la qualité.
Une fois débarqués, on installe nos peaux sous nos skis et on s’éloigne du bruit intermittent des arbalètes qui cognent le dernier pylône à tour de rôle. On oublie peu à peu la civilisation alors que notre guide Chris nous rafraîchit la mémoire sur les réflexes à avoir en cas d’avalanche.
En s’arrêtant pour se préparer à l’ascension, on découvre l’immensité du paysage de glace qui s’étend à perte de vue devant nous et je n’en reviens tout simplement pas qu’un tel endroit existe. Je ne suis pas la seule à me pincer d’être là. Ryan, notre hôte exceptionnel qui travaille chez Arc’teryx depuis plus de 19 ans me confie: «J’ai la chance de faire ça tous les jours! J’ai grandi en pratiquant le ski, travailler au sein d’une entreprise qui me permet de faire du ski de haute-route dans le cadre de mon travail est un rêve pour moi.»
Ryan a beau s’occuper des ventes, il s’implique aussi à d’autres niveaux comme plusieurs de ses collègues aussi passionnés: «Tout le monde chez Arc’teryx a l’occasion de sortir tester l’équipement, on reçoit beaucoup de critiques ce qui nous permet d’améliorer le produit jusqu’à atteindre son plein potentiel.»
Je constate la pertinence de cette démarche pour la première fois pendant notre approche alors que je mets le manteau Shashka dans mon sac à dos: léger, compressible et entièrement fait de Gore-Tex. Les défis du ski de haute route se sont révélés être des moteurs pour les équipes d’Arc’teryx qui ont notamment mis au point la collection Whiteline, une série de morceaux performants pour quand ça compte vraiment. Conçue spécialement pour les expéditions de haute route, elle allie une conception ingénieuse bourrée d’innovations technologiques et un design minimaliste et durable qui font la différence quand on s’aventure loin des stations.
Je partage à Ryan mon enthousiasme pour l’équipement que j’ai la chance d’avoir sur le dos aujourd’hui et il m’explique que ces vêtements sont conçus de façon à résoudre des problèmes, tout ça pour encourager les gens à aller plus loin. «Se dépasser pour inspirer le dépassement», comme dirait Dan Greene, le directeur Design et de Recherche et Développement. Je suis déjà inspirée, reste à voir si mon expérience de skieuse de l’Est Canadien soudainement atrophié dans l’immensité de ce glacier sera de taille dans l’immensité des montagnes de l’Ouest.
Peaux enlevées, manteaux ajustés et fixations bien ancrées, on amorce finalement notre première descente. La neige qui tapisse cette face sud est lourde, mais mon sac est léger et je saute à pieds joints vers ce terrain d’expert en suivant Ryan. Mes jambes peinent à faire des virages assez efficaces pour jouer avec le dénivelé, mais mon équipement ne limite jamais mes mouvements.
Je m’exclame que ça doit être incroyable d’avoir ce parc si près tant pour faire du backcountry que pour venir y tester des prototypes. Ryan me le confirme en hochant de la tête et renchérit: « Être si près des montagnes nous permet de tester nos produits dans les conditions les plus rudes. Bien sûr, on échoue et on recommence… souvent. Et quand on trouve enfin la formule, on conçoit un produit qui dépasse tous les autres.»
J’apprends alors qu’ils vont jusqu’à adapter et construire leurs propres machines pour faire des tests, histoire d’être toujours au-devant des standards de l’industrie. Aucun effort n’est mis de côté pour mettre au monde des solutions toujours plus performantes et durables. À l’époque, les fondateurs avaient utilisé un four à pizza pour mouler la mousse qui composerait le harnais d’escalade le plus confortable et durable jamais conçu. Depuis leur première innovation en 1989, le but est d’améliorer le confort, la fiabilité et la durabilité des équipements des passionnés des montagnes qui vont parfois jusqu’à mettre leur vie en danger pour repousser les limites de leurs défis personnels.« C’est la philosophie sur laquelle la marque a été fondée», m’explique Ryan.
Le lunch en haut du glacier nous permet d’admirer la vue à couper le souffle. J’ai un moment d’appréciation pour ce party de caractéristiques technologiques ramassé sous un design aussi simple et élégant. Chaque pli a sa raison, le patron étant conçu pour optimiser l’amplitude des mouvements. Même leurs couleurs m’impressionnent. Au centre de design, Lisa et son équipe prennent le temps de choisir les teintes de chaque saison pour se démarquer, allant jusqu’à créer des couleurs personnalisées et tester la coloration pour s’assurer qu’elle soit identique sur une variété de matériaux du tissu jusqu’aux fermetures éclair. On discute de ces fascinantes étapes de conception en savourant nos sandwichs.
On entame notre dernière ascension, à pied cette fois et non en peaux comme la pente est trop escarpée. En deux temps trois mouvements, nos skis sont fixés sur nos sacs et on monte la côte un coup de botte à la fois. On atteint finalement le haut de la crête. J’ai un vertige momentané quand je réalise que la dernière descente sera dans ce couloir escarpé du nom d’Husume. J’effectue presque à contrecoeur ma dernière routine de changement de manteau, manquant pratiquement de perdre mon cher Shashka dans le puissant tourbillon de vent qui s’engouffre dans le couloir. Je retrouve ma fébrilité du matin dès le premier virage que j’aborde avec confiance et je ne fais qu’une bouchée du Husume. Belle preuve qu’on a jamais fini d’apprendre et de s’améliorer.
C’est le genre de journée qui inspire à oser l’extraordinaire, mais aussi à revenir à l’essentiel. À la manufacture Arc’One d’Arc’Teryx à Vancouver ou sur le glacier de Blackcomb, des centaines de personnes travaillent à améliorer l’équipement pour permettre à d’autres d’aller encore plus loin. Les mots de Mike, notre guide de la veille résuments bien l’idée. « On conçoit de l’équipement cool pour des gens cool qui font des choses cool avec.»
Ce soir je trinque à sa santé et à celle de tous ceux qui font les choses avec coeur, sur la montagne comme ailleurs.
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