Le plan était simple : prendre l’avion jusqu’en Californie et rouler jusqu’au parc national de Joshua Tree avec The North Face. Nous sommes partis de Los Angeles à l’aube, notre stock fixé à l’arrière de nos motos.
Il y avait cependant un problème. Le plus long shutdown de l’histoire du gouvernement américain faisait en sorte que tous les parcs nationaux étaient fermés. Pendant la paralysie du gouvernement, The North Face s’était manifesté pour la protection des parcs et pour la nécessité de ne pas les laisser trop longtemps sans surveillance. Le retour partiel de certains services nous a finalement donné espoir de pouvoir mettre notre plan à exécution.
On ne savait cependant pas du tout à quoi s’attendre. Les employés seraient-ils de retour au travail? À quoi ressembleraient les conditions dans le parc? Pouvait-on déjà craindre des dommages à long terme? Malgré la situation politique tendue, nous avons quand même décidé d’y aller, et de faire notre part en ramassant le plus de déchets possible.
Nous portons d’ailleurs des vêtements de la collection Bottle Source de The North Face, entièrement fabriqués à partir de bouteilles d’eau recyclées et ramassées directement dans les parcs nationaux. Pour chaque article vendu, The North Face remet un dollar à la National Park Foundation.
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Minuit vient de sonner. Nous n’avons pas réservé de terrain de camping, et aucun ranger n’est présent aux portes. Comme la plupart des terrains sont vacants, on installe notre campement dans un endroit inoccupé, au bout d’un étroit sentier.
Nous nous armons de courage afin de monter le camp, éclairés par les phares des motos. Le froid mordant et le vent impétueux nous rappellent sans cesse à quel point les nuits dans le désert sont impitoyables. J’enfile un manteau isolant pour me protéger du froid et tente tant bien que mal d’allumer un feu avec des brindilles et ce que je peux trouver de plus sec.
Personne n’est venu nous voir pour nous dire quoi que ce soit. En fait, nous n’avons vu aucun employé.
Après avoir monté nos tentes Homestead, nous prenons place, transis, autour du feu. Trop fatigués pour même songer à cuisiner, nous partageons quelques bières en silence, en écoutant les bruits du désert. Quelques secondes après m’être glissé dans mon sac de couchage, je m’endors déjà, recru de fatigue.
Debout à l’aube, j’enfile mon chandail à capuchon Campshire et je rejoins les autres autour du feu, bien emmitouflé dans mon sac de couchage que je n’ose pas encore quitter. Tout le monde boit son café en silence, trop endormi pour que des mots ne soient prononcés.
Il n’y a pas de mots pour décrire un lever de soleil dans le désert.
Une lumière presque irréelle apparaît à l’horizon. Bien vite, elle baigne toute la plaine, et la température grimpe rapidement. Des sommets enneigés se dessinent au loin, miroitant au soleil. La scène paraît presque surnaturelle. Toute notre aventure en valait la peine, ne serait-ce que pour un moment comme celui-là.
Nous escaladons les rochers et prenons quelques photos, que la lumière du matin rend spectaculaires.
Après avoir sauté le souper de la veille, l’heure du lunch se veut hâtive. Nous mangeons rapidement, et nous nous affairons à ramasser les déchets laissés par les campeurs précédents. Notre but est de ne laisser aucune trace, et de réduire notre impact environnemental pendant notre visite à travers le parc.
Soucieux de la météo changeante, on quitte rapidement le parc sous un ciel bleu adouci par un voile nuageux. On en profite pour emprunter les routes moins fréquentées, et nous nous amusons à en sortir pour faire voler le sable sous les roues de nos motos avant d’atteindre l’autoroute.
Plus tard dans l’après-midi, nous arrivons au village de Joshua Tree, situé en plein cœur de la plaine désertique. Un drapeau américain flotte devant chaque petite maison. La scène est typique.
Les gens que l’on y croise sont exactement le type de personnes que l’on s’attendait à rencontrer.
Les locaux nous accueillent comme si nous étions du coin. Nos échanges s’imprègnent de l’ambiance détendue et conviviale qui règne dans cette petite bourgade.
Les conversations tournent vite autour du parc national, et les gens ont des opinions bien arrêtées. Ici, les citoyens subissent de plein fouet les conséquences du shutdown. Celui-ci change leur façon de vivre, dégrade leur environnement et détruit leur parc national, sans considération pour les dommages à long terme.
La région est reconnue pour des activités de plein air comme la randonnée et l’escalade, et les entreprises locales axées sur le tourisme essuient des pertes importantes depuis le début du shutdown. Si l’on se fie aux chiffres du LA Times, l’industrie du tourisme a dû faire une croix sur près de 30% de ses revenus. Sans parler des employés du parc qui se retrouvent actuellement sans emploi.
On jette un dernier coup d’oeil aux crêtes enneigées qui scintillent au loin alors que le soleil se lève et nous faisons nos adieux aux habitants de Joshua Tree avant de reprendre la route.
C’est l’habituel vacarme des grandes villes qui nous accueille, alors que nous revenons à Los Angeles. Véritable changement de décor.
Ce voyage me rappelle que les parcs nationaux, comme Joshua Tree, sont fragiles. Ne pas laisser de trace, ramener tout ce que l’on apporte, faire attention à la nature… Ce ne sont pas des suggestions. Ce sont des directives, qui doivent dicter le comportement à adopter lorsqu’on visite un tel endroit.
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